A l’heure où nous préparons un dossier sur l’improvisation pour notre prochain numéro, nous apprenons avec une grande tristesse le décès de Jean Guillou, l’un des maîtres en la matière, survenu le samedi 26 janvier à l’âge de 88 ans.
Figure emblématique du monde de l’orgue, élève d’Olivier Messiaen, de Marcel Dupré et de Maurice Duruflé au CNSMD de Paris, il fut nommé en 1963 titulaire des grandes orgues de Saint-Eustache, à Paris. Il jouera cet instrument jusqu’en 2015, soit pendant plus de 50 ans.
Jean Guillou était sans conteste une personnalité passionnée et sans concession. Ses prises de positions toujours ardentes – entre autres le refus de la Légion d’honneur en 2010, qu’il ne voulut accepter « à l’heure où la musique dite savante ou classique (voyait) sa place diminuée par toutes les instances officielles » – en faisaient un défenseur militant de la culture classique, toujours au service d’une modernité qu’il jugeait primordiale.
Et il suffit de tendre une oreille vers ses nombreux enregistrements pour mesurer à quel point son jeu et sa pensée savaient se libérer de toute contrainte, mettant l’acte de création au-dessus de toute considération musicologique jugée castratrice. Car si, en musicien d’une culture gigantesque et d’une curiosité insatiable, il connaissait et respectait les traditions, il avait à cœur de les modeler et de les pétrir pour une musique dès lors définitivement sienne.
Organiste et improvisateur unanimement salué, bien sûr, mais aussi pianiste, compositeur, concepteur d’instruments et auteur d’ouvrages littéraires, Jean Guillou était l’un de ces monstres sacrés de la musique dont la perte nous laisse tous – et même sans entrer en symbiose totale avec ses idées – musicalement orphelins.L’équipe d’Orgues Nouvelles
Au revoir, Monsieur Guillou ! (de l’équipe d’Orgues Nouvelles)
J’apprends cette nouvelle de l’équipe d’Orgues Nouvelles, qui a pensé ce beau texte et nous autorise à le relayer ici. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés !
(Jean-François Hatton)